Annecy : quelle ville pour demain ?

par Cosy Design

A l’avenir les promoteurs annéciens seront invités à s’interroger sur comment réutiliser l’existant plutôt que de détruire le bâtiment existant.

« Nous ne voulons pas ralentir la construction, mais nous souhaitons mieux construire à Annecy, dans les perspectives climatiques »

FRANÇOIS ASTORG, MAIRE D’ANNECY

«Nous n’avons pas la volonté de moins construire, mais de mieux construire à Annecy et de réfléchir à comment construire à l’horizon 2050. Nous devons concevoir un aménagement durable avec des partenaires et notamment le Grand Annecy. Il existe encore de la place pour construire, mais différemment  », explique d’emblée en conférence de presse le maire écologique, François Astorg. Rappelons que la construction fut un enjeu des dernières élections municipales. Le nouveau maire a été élu sur un programme qui met en avant la transition écologique, la justice sociale, l’économie locale et l’aménagement durable.

CHUTE DU NOMBRE DE PERMIS DE CONSTRUIRE

Les promoteurs immobiliers sont inquiets. Les dépôts de permis de construire ont chuté de 36 % entre 2019 et 2020. L’an dernier à Annecy, 212 permis de construire ont été posés soit 1 355 logements. 155 permis ont été délivrés et 57 refusés. Répondre au virage de la transition écologique, densifier, envisager le développement durable, se diriger vers la neutralité carbone, favoriser la nature en ville, réguler le marché, lutter contre la spéculation financière immobilière et créer des logements abordables. La liste des objectifs présentée par Nora Segaud-Labidi, ajointe en charge de l’aménagement durable et de l’habitat, est longue.

Constructions dans la ville d'Annecy
Jean-Marc Favre – Wooloomooloo
Constructions dans la ville d'Annecy
Jean-Marc Favre – Wooloomooloo

CE QU’ON NE VEUT PLUS VOIR  À ANNECY DANS LES PROJETS IMMOBILIERS ?

Depuis des années, on a vu émerger des constructions disséminées un peu partout sur le territoire, un peu n’importe comment, sans réflexion architecturale, sans identité et pouvant être implantées partout en France. Le maire veut éviter les constructions en secteur diffus, c’est-à-dire trop éparpillées et les constructions qui ne donnent pas une bonne image de la ville.

« Avant c’était  : construire pour construire, mais maintenant notre logique est de construire pour bien construire », souligne l’adjointe au maire, Nora Segaud-Labidi.

ON NE VEUT PLUS VOIR  :

  • Des logements mal orientés,
  • Une majorité de T2, très prisés des investisseurs,
  • Des bâtiments «  normalisés », sans identité, semblable à d’autres constructions dans d’autres territoires

CE QU’ON VEUT VOIR ?

  • Des logements de qualité favorisant une qualité de vie,
  • Des logements bien orientés, traversant pour bénéficier de la lumière et vue sur le paysage,
  • De grands logements pouvant accueillir les familles,
  • Un nombre de logements sociaux suffisants pour réussir à loger tous les habitants. La difficulté de s’installer sur Annecy a un impact sur le recrutement des entreprises et des institutions,
  • Des bâtiments en bois
  • Des bâtiments en béton bas carbone nécessitant la création de nouvelles filières,
  • Des quartiers avec une vraie identité,
  • Des constructions qui tiennent compte du lieu dans lesquelles elles sont implantées,
  • Un urbanisme de santé, avec le moins de nuisances sonores possibles,
  • Des espaces communs dans les immeubles,
  • La réversibilité des logements, avec la possibilité de télétravailler si nécessaire,
  • La nature en ville  : il faut préserver les arbres existants et créer des espaces verts.
  • En résumé, des bâtiments avec une architecture bien pensée, adaptée au lieu, conforme aux usages et dans laquelle les habitants peuvent vivre heureux.

RÉUTILISER PLUTÔT QUE DÉTRUIRE

Les promoteurs sont invités à s’interroger sur comment réutiliser l’existant plutôt que de détruire le bâtiment existant. Il est plus facile de tout détruire et reconstruire, mais on peut aussi s’interroger sur pourquoi tout détruire, dans le cadre d’un développement durable. « C’est remplir les engagements d’une ville bas carbone. Nous souhaitons que les promoteurs réfléchissent mieux à l’orientation des logements, au confort et à la superficie. Plus ça va et moins on a de superficie dans les logements. Quelle est la superficie acceptable ? » ajoute l’adjointe en charge de l’aménagement durable et de l’habitat.

Vue drone du centre ville d'Annecy pendant le confinement
Jean-Marc Favre – Wooloomooloo

« Plus ça va et moins on a de superficie dans les logements. Quelle est la superficie acceptable ? »

URBANISME MAITRISÉ

La préoccupation ? Traiter les projets d’urbanisme sous tous leurs aspects. Avoir un urbanisme maitrisé et soutenable. Il va donc falloir bien construire à Annecy en convergeant vers tous les intérêts  : ceux des habitants et ceux des futurs habitants.

Les objectifs municipaux pour 2021 ? « Faire un urbanisme de projets, mené avec l’ensemble des porteurs de projets. C’est aussi s’assurer que les projets de construction répondent aux attentes des Annéciens. L’acte d’habiter est plus important que l’acte d’investir. La Covid nous a rappelé l’importance de nos espaces privés. L’arrivée de nouvelles fonctions comme le télétravail nous amène à revoir l’acte d’habiter. Tous les acteurs de l’immobilier doivent réfléchir aux aspects positifs d’une densification. On veut écrire un nouveau chapitre de l’histoire de l’évolution d’Annecy, en tenant compte de l’existant. C’est-à-dire une approche du renouvellement urbain, une approche innovante pour intégrer tous les éléments pour avoir une ville durable et vivable »poursuit Nora Segaud-Labidi, ajointe en charge de l’aménagement durable et de l’habitat.

Fleurs dans Annecy
Jean-Marc Favre – Wooloomooloo

ACCOMPAGNER LES PROMOTEURS

La ville d’Annecy a mis en place une ingénierie d’experts et une logistique dédiées aux projets urbains. Elle est en train d’élaborer un guide du « Bien construire à Annecy », une méthodologie pour accompagner les promoteurs. Le guide permettra de discuter d’avant-projet et d’avoir une feuille de route précise pour tous les porteurs de projets. « Ce n’est pas la ville contre les promoteurs. Je peux comprendre leurs inquiétudes car 2020 et 2021 sont deux années économiquement difficiles. Nous avons créé une phase de transition que l’on souhaite la plus rapide possible pour construire vers des objectifs plus vertueux et qui correspondent aux attentes des Annéciens. C’est un changement de mentalité », souligne François Astorg, le maire.

ACCUEILLIR 4 000 NOUVEAUX HABITANTS PAR AN

Les habitants seront impliqués dans le choix d’orientation de la mairie. Discuter des projets avec les riverains devrait éviter un certain nombre de recours. Il existe également une volonté de réduire les délais d’instruction des permis de construire et donner plus de sécurité aux projets immobiliers. Chaque année, 4 000 personnes désirent s’installer à Annecy. Comment les accueillir quand il existe peu de logements disponibles ? L’inquiétude des Annéciens porte également sur le risque de flambée des prix de l’immobilier. Si l’offre de logement reste insuffisante, les prix du m2 vont s’envoler. C’est un enjeu important pour l’économie en sortie de crise.

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