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LE JARDIN À IMPACT POSITIF POUR RÉINVENTER L’EXTÉRIEUR.

par Cosy Design

Texte La Rédaction – Illustrations Solène Gonthier

Les lois immuables de mère nature n’empêchent pas le changement. C’est ce que nous enseigne aussi le virage pris par l’entreprise Gonthier à la cinquantaine sonnante. L’objectif : transformer ses activités pour accompagner la bascule de l’économie extractive vers une économie régénérative d’ici 2030. Un nouveau cap qui demande des explications…

En cette belle journée du mois de mars, le nouveau showroom extérieur de la société Gonthier vit son premier printemps. L’impact positif de ce jardin se manifeste par des arbres qui n’ont pas encore pris toute leur place, des vivaces qui se font discrètes, des plantes grimpantes qui ne font qu’entamer leur lente montée sur la pergola ombrière. Aucun doute, le grand théâtre du greenwashing n’a pas sa place sur ce lieu d’avenir qui reflète le rythme de la nature, celui du temps long. Le message sonne d’ailleurs vrai ! Elodie Declerieux, notre guide du jour sur cette voie du renouveau, parle de « réemploi » ; explique l’idée du « jardin des synergies » ; détaille le « jardin sylvestre » composé de simplicité comme le chêne vert, du lierre, des fougères ; s’arrête sur le jardin aquatique garni d’iris, de menthe d’eau et de joncs, des espèces déjà présentes sur le bassin Chambérien, aux propriétés oxygénantes, filtrantes et stabilisatrices des berges. Sur les conseils d’Eric Soulliaert, Référent en Génie écologique, créer une mare permet d’introduire un nouvel écosystème aquatique favorable à de nombreuses espèces, renforçant ainsi la biodiversité végétale et animale. Aussi esthétique qu’utile dans un jardin, une mare retient les eaux de pluie, apporte de la fraicheur en été et absorbe le CO2.

LESS IS MORE

Manifestement économe en strass et paillettes, le jardin à impact positif que nous découvrons l’est aussi en euros… Fini le jardin de l’épate, bienvenue au jardin du vivant, raisonnable, projet d’une esthétique plus conforme à notre époque. Moins de matériaux d’importations, plus du tout d’intrants chimiques, moins d’entretien thermique : la formule n’est-elle pas contraire à l’idée d’une entreprise qui défend d’abord un chiffre d’affaires ? « L’argent n’est plus une finalité dans nos esprits, c’est un moyen », affirme Christophe Gonthier, dirigeant de l’entreprise familiale avec son frère, Jérôme. « J’ai en besoin pour répondre aux nouveaux objectifs de l’entreprise, rien de plus. La récompense est ailleurs, dans le sens du projet et il en a beaucoup, à commencer par le fait que notre métier devient une solution. »

EN PLEINE CONSCIENCE

A la question du « pourquoi changer un modèle qui apparemment fonctionnait plutôt bien », là encore le dirigeant en revient au sens, au bon sens même. « A la base notre métier est de travailler avec le vivant, mais il peut être impactant pour ce même vivant. Comment ne pas en prendre conscience, comment ne pas constater qu’on avait oublié les sols », affirme-t-il, en précisant que tout le sens de cette « redirection » est de permettre « à nos aménagements de travailler pour le vivant. » Limpide comme une eau sans phosphate, l’idée n’en est pas moins difficile à faire admettre. Ici, redirection rime avec redéfinition des envies avec pédagogie, auprès des clients comme des équipes, tous guidés par la conviction de suivre le bon cap, CAP 2030 en l’occurrence.

2030, VERS LE CAP VRAIMENT VERT

De l’aménagement paysager à la gestion des ressources, en passant par l’intégration de la biodiversité, chaque action vers l’horizon 2030 est donc pensée pour un avenir plus vert et durable. Parmi les priorités figurent la réalisation d’un bilan carbone détaillé et la mise en place de pratiques visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’une des mesures phares est la création d’une palette de végétaux locaux répondant aux besoins de l’avenir, permettant ainsi de créer des espaces extérieurs durables, adaptés aux nouvelles réalités du climat. Autre initiative marquante : la volonté de l’entreprise de remplacer les surfaces imperméables par des matériaux plus écologiques. Cette décision vise à favoriser l’infiltration des eaux de pluie, réduisant ainsi le risque d’inondations et contribuant à une meilleure gestion de l’eau.

REPENSER, REDIRIGER, RÉGÉNÉRER

Dans un secteur où les déchets de chantier sont nombreux, l’entreprise a également mis en place des actions pour recycler et réutiliser les matériaux de manière optimale. Les déblais sont désormais revalorisés et l’entreprise s’engage à réduire l’évacuation des déchets, un pas de plus vers une gestion circulaire des ressources. Le projet va encore plus loin avec des actions dédiées à la gestion de l’eau. La récupération des eaux pluviales et l’installation de panneaux photovoltaïques pour produire de l’énergie verte font partie intégrante de la nouvelle stratégie. Ces initiatives permettent de réduire la consommation d’eau potable et de favoriser une autonomie énergétique sur les chantiers, contribuant ainsi à la transition énergétique du secteur.

UN CHEMIN QUI MÈNE À LA PISCINE

Le volet humain est également crucial, la formation des équipes est donc au coeur de sa démarche. Accompagnée par Thomas Boutreux, Docteur en écologie et paysage, pour former ses collaborateurs aux bonnes pratiques de plantation, d’entretien des espaces verts et à l’intégration de la biodiversité dans les projets, l’entreprise garantit une mise en oeuvre effective de ses engagements et la poursuite d’un chemin qui la mène… à la piscine, autre activité dans laquelle GONTHIER a commencé à plonger pour repenser la conception et l’entretien des bassins afin de limiter leur impact environnemental. Les processus de rénovation sont eux aussi révisés afin de réduire la consommation d’énergie et de ressources, un enjeu majeur pour les piscines traditionnelles qui, elles aussi, devront prendre leur part dans la grande transformation écologique de notre époque. Vers le CAP 2030.

UN POUR TOUS, TOUS POUR LE JARDIN DE DEMAIN

L’IMPACT POSITIF D’UNE TEAM RÉUNIE AUTOUR D’UN PROJET D’AVENIR

THOMAS DURY
Ingénieur études & travaux, Membre du Codir, Planet Champion Convention Entreprise Climat, le déclencheur de la démarche

« L’idée de changement a commencé en 2022, notamment en participant à une conférence SOLUCIR qui évoquait la CEC Convention des Entreprises pour le Climat. Sur le principe, la direction a adhéré et nous avons pu engager ce parcours dès début 2023, un parcours de réflexions pour trouver des réponses à la question : « comment transformer mon entreprise pour avoir un impact positif ? ». Cela a pris 1 an… Il a fallu ensuite faire transpirer tout ça dans l’entreprise, intégrer les équipes dans la démarche, monter une équipe de volontaires. Aujourd’hui, tout le monde est informé : un tiers du personnel est très impliqué, un autre tiers suit le mouvement et un dernier tiers est plus attentiste, mais nous refusons d’aborder le sujet par la contrainte. Pourtant, après un an de mise en oeuvre réelle de ce projet, je dirai que 20% des projets sont à impacts positifs. On a du mal à estimer la vitesse à laquelle nous allons avancer, mais nous avons l’objectif de notre Cap 2030 en ligne de mire. »

ADRIEN TRASBOT
Chef d’équipe terrain, en charge de la réalisation des travaux du showroom

“En travaillant avec des écologues, on s’aperçoit des zones fragiles qui nous entourent sans le savoir. En ce qui me concerne, après 30 ans de paysagisme, je trouve cette mutation pleine de challenge, pourtant j’étais le premier à sous-estimer la vie du sol en l’intoxicant par exemple avec des bâches. Il faut tout enlever, l’eau pourra faire son chemin vers la terre et le cycle reprendre son cours normal. Il faut miser sur cette nouvelle voie, nous avons besoin de nos insectes pour la pollinisation. Nous avions déjà un métier super intéressant, mais là ça le bouleverse, on évolue encore et encore… »

THIBAUD MANCEAU
Chargé d’affaires, Référent Pôle Conception du nouveau showroom

« Nous avions une incertitude quant à l’engouement des clients particuliers aux enjeux du projet Jardin Impact Positif. Pour autant nous constatons que chaque personne est sensible à au moins un enjeu majeur (désimperméabilisation des sols, réemploi de matériaux, ouvrages pour la biodiversité, etc…). A nous de détecter ce qui les anime, et leur proposer des solutions en fonction. Aussi, nous constatons que les ouvrages dits « à meilleur impact » sont souvent des ouvrages plus « doux » : moins de béton, moins de maçonneries, plus de matériaux naturels, plus de réemploi, produits plus locaux… et les budgets des projets ont tendance à diminuer (moins de frais de transports, moins de produits onéreux car le végétal coûte moins cher que la maçonnerie ou les revêtements, etc…). L’axe du budget est un argument supplémentaire pour les particuliers. »

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