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Comment réduire l’empreinte carbone des bâtiments en montagne ?

par Cosy Design

Responsable de 30 % des gaz à effet de serre (GES), le bâtiment est bien sûr l’un des secteurs sur lequel les efforts pour décarboner doivent être concentrés en priorité dans les stations de montagne… avec les transports. La nouvelle RE 2020 va d’ailleurs en ce sens.

TEXTE ALICE MORABITO

C’est à Tignes qu”Evolution 2 exploite ce dôme imaginé et réalisé par la société France Dômes,
une forme d’accueil touristique totalement décarbonnée et 100% made in France

Concernant uniquement les constructions neuves, la nouvelle RE 2020 (Règlementation Environnementale), qui entrera en vigueur – dans le meilleur des cas – l’an prochain, intègre désormais en plus d’un volet thermique un volet d’usage et un volet environnemental. Traduction ? Si les matériaux utilisés doivent être performants en termes d’isolation afin de réduire la facture énergétique, ils doivent aussi l’être en toutes saisons, c’est-à-dire en hiver comme en été (qui sont amenés à être de plus en plus chauds), mais également ne pas générer trop de carbone, que ce soit dans leur fabrication comme dans leur cycle de vie (Analyse du Cycle de Vie, ACV) qui va être calculé sur 50 ans.

Comme l’explique Sylvain Chatz, ingénieur et fondateur de la société Enercobat, qui a entre autres réalisé la Datcha à Val Thorens, gîte 5 étoiles et bâtiment passif le plus haut d’Europe, les émissions carbone sont principalement dues aux consommations d’énergie liées au fonctionnement des bâtiments (chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation, usages de l’électricité), ce qu’on appelle l’ « énergie d’usage » (soit 80 %), mais aussi à l’énergie dépensée pour la fabrication des matériaux de construction, l’ « énergie grise » (20 %). Les solutions qu’il préconise ?

La Datcha à Val Thorens, gîte 5 étoiles et bâtiment passif le plus haut d’Europe.
  • Réduire prioritairement l’« énergie d’usage » car, comme il le rappelle : « L’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas ! » Pour l’usager comme pour la planète !

  • Bien rénover, les rénovations représentant la grande majorité du parc immobilier. D’où les aides incitatives de l’État comme des collectivités territoriales et l’importance de l’engagement des propriétaires en tant que véritables acteurs de leur station.

  • Bien isoler, l’isolation étant la principale clé pour réduire la facture énergétique : triple vitrage, VMC double flux, maîtrise des ponts thermiques, bonne étanchéité à l’air…

  • Utiliser des matériaux adaptés au site et au projet, en fonction de l’altitude, de la topographie… Sachant qu’en haute altitude, avec les risques sismiques et d’avalanches, le béton reste un incontournable côté structures et fondations.

  • Utiliser des matériaux idéalement bio-sourcés (d’origine naturelle) mais aussi géo-sourcés c’est-à-dire faire appel aux ressources locales. Car mieux vaut un béton produit localement qu’un bois importé du bout du monde.

  • Concevoir des bâtiments peu énergivores, l’idéal étant les bâtiments « passifs » (qui consomment très peu d’énergie) voire « à énergie positive » (qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment). Les labels, gage de qualité sont nombreux en la matière : Bâtiment Passif, BBCA, Effinergie…

  • À l’usage, revoir les habitudes trop énergivores comme éviter les douches longues avec jets massant, ciel de pluie qui consomment 3 à 4 fois plus qu’une douche classique (70-120 l/personne/jour à la place de 35 l !) …

  • Privilégier une gestion intelligente des équipements pour optimiser leur efficacité et éviter les gaspillages. Comme la mise en place de détecteurs de présence dans les parties communes afin d’éviter d’éclairer inutilement (sobriété énergétique) ou l’installation de lampes LED éclairant avec une consommation d’électricité très faible (efficacité énergétique).

  • Développer les énergies renouvelables (énergie solaire, éolien, hydraulique, biomasse, géothermie ou aérothermie…) de manière rationnelle, leur mise en oeuvre nécessitant une conception adaptée aux contraintes de la montagne (neige, températures négatives, gel…).
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