Architecte naval aussi passionné qu’inventif, Alain Thébault, grand navigateur et détenteur du record de vitesse absolu à la voile en 2009, a imaginé un bateau volant n’émettant ni bruit, ni pollution, ni vague. Ancrée entre Annecy et la Suisse, sa starp-up ne cesse de se développer, avec ses taxis SeaBubbles et ses Flybus, qui font rêver les villes du monde entier dont San Francisco, Miami, Monaco ou encore Paris…
Tout commence avec Éric Tabarly, navigateur émérite français, qu’Alain Thébault rencontre à tout juste 18 ans. Vivant alors dans sa 2CV, avec sa planche à voile fixée sur le toit (quand il ne fait pas de planeur, sa deuxième passion), le jeune homme, surdoué en maths mais de tempérament très turbulent – c’est ainsi qu’il se décrit –, décide de quitter les bancs de l’école de son village breton deux ans avant le baccalauréat, pour suivre Éric Tabarly dont il sera le dernier matelot. Une rencontre décisive doublée d’une belle histoire puisque le grand navigateur l’embarque dans son rêve de bateau volant.
UN BATEAU VOLANT
Pour mettre à flot ce trimaran futuriste hors normes, l’Hydroptère, Alain Thébault remue ciel et terre. Son idée de génie ? Réduire au minimum la surface immergée du bateau afin de rendre l’eau moins résistante, moins dure, pour aller plus vite que n’importe quel autre bateau. Soutenu par Éric Tabarly et Alain de Bergh, directeur du département du calcul des structures chez Dassault, il vend son appartement et part pour l’aventure.
Car, comme il le confie : « Ce sont les rêves qui permettent à la société d’évoluer. Il faut aller au bout de ses rêves, c’est essentiel dans la vie. »
Après trois crashs, entre chacun desquels il devient père, et une foule d’obstacles surmontés, Alain Thébault décroche, en 2009, le record de vitesse absolu à la voile avec une pointe à 55,5 noeuds, soit plus de 100 km/h. Un rêve… sauf que, comme le lui font remarquer ses trois filles alors (depuis, il a eu deux autres jeunes garçons), il devrait faire voler tout le monde ! Ils sont alors sur un ponton à Hawaï. Juste à côté d’eux, Bertrand Piccard, qui a bouclé le tour du monde à bord du Solar Impulse en juillet 2016, rit…
DEUX PASSIONS, DEUX COULEURS : BLEU ET VERT
Quelques années plus tard, Alain Thébault partage son temps entre Annecy, où il a ses bureaux, et les vignobles de Lavaux en Suisse, où il vit. Car en plus de la mer, cet aventurier des temps modernes aime terriblement le vélo. Au point d’en avoir fait son critère d’installation dans cette région. Son équipe d’ingénieurs va d’ailleurs travailler en deux-roues.
« Annecy offre un merveilleux cadre de vie et est une ville de plus en plus verte. ».
C’est donc ici, plus précisément à Saint-Jorioz, qu’il a décidé de s’installer et « d’attirer de la matière grise », comme il le dit.
La petite Venise étant, qui plus est, tout près de Genève et de son aéroport international, ainsi que de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) avec laquelle il travaille en étroite collaboration. Son bureau d’études compte ainsi une dizaine d’ingénieurs à ce jour, le navigateur ayant prévu d’embaucher 90 personnes dans les trois prochaines années. Car ce « pilote d’un rêve », pour reprendre le titre de son ouvrage publié en 2005 (chez Flammarion), travaille pour l’heure sur l’hydrogène vert, « le pétrole de demain » à ses yeux, en utilisant la puissance des fleuves.
« La Suisse, l’Allemagne et la région Auvergne-Rhône-Alpes sont très en avance sur ce domaine. Il y a toutes les composantes ici pour faire des bateaux volants à hydrogène. »
Sans oublier son projet de bus volants. Des Flybus à hydrogène, pour lesquels les plus grandes villes du globe sont en première ligne pour passer commande, dont San Francisco et Miami.
« La planète brûle et il faut en préserver les ressources. Nous sommes tous posés sur la même sphère. Et je souhaite d’abord me rendre utile pour la collectivité. »
Le tout en prenant le temps d’aller se promener à La Clusaz… le cadre de vie étant, ici, « extraordinaire »