Un panoramique XVIIIe recouvre les murs du Spa. La végétation exubérante d’une forêt tropicale rejoint dehors le Cervin sous la neige et la Couronne Impériale des 4000m. L’effet est magique, la surprise totale. Mais tout cela se prépare, se construit, se met en scène et s’entretient. Montage !
Dans beaucoup d’endroits, on fait appel à des décorateurs, mais une fois le décorateur parti, plus personne ne s’occupe de raconter l’histoire !
Nous sommes en Suisse dans le val d’Anniviers, au-dessus de Sierre. Le Bella Tola, un hôtel historique de 1859 ne cesse de nous surprendre. En cause, sa propriétaire, Anne-Françoise Buchs, une imagination hors pair doublée d’un sens pratique, qui nous offre une idée par saison ! Ecoutons-la.
« Un panoramique devant la piscine, c’est inattendu. J’avais déjà cette idée il y a 17 ans quand on a construit le Spa : installer une cheminée là où on ne l’attend pas. Ma règle d’or en déco c’est susciter l’émotion par l’étonnement. Ça ne passe que s’il y a un effet de surprise, comme ce panoramique, comme cette cheminée. Règle de base, il faut une vraie cheminée classique, le feu qui crépite, qui fume, qui s’éteint, les flammes qui donnent un beau contraste avec l’eau. Autour, des petits sofas à deux places pour se poser. Le contraste eau et feu, peignoir, sofa et petits fauteuils recouverts de tissus se rapproche le plus possible d’un effet salon. D’autant plus que le décor évolue en fonction des saisons, on joue sur les accessoires, les coussins (qui disparaissent au grenier entre deux saisons). Comme dans un salon, il faut des plantes. Comme les bouquets ne tiennent pas à la chaleur et à l’humidité, je choisis des feuillages exotiques, l’aralia, l’anthurium, les monstera qui se mélangent avec les verdures du papier peint. Je regroupe des vases de niveaux différents, opaques (c’est mieux si on ne voit pas la couleur de l’eau qui peut virer assez vite). Ceux de la marque allemande Guaxs, en verre soufflé sont chers mais beaux, même vide ! On peut mixer les marques, les matières, les couleurs du moment qu’on crée une série. Penser l’éclairage avec des lumières indirectes, des lampadaires, des abat jours coniques en métal, des bougies au coin de la cheminée. Mettre des miroirs, poser des livres reliés (plus insolites que des revues).
L’idée ? Mettre rapidement les gens dans un état second, leur donner envie de rester, de revenir. La musique douce, la qualité du peignoir, la chaleur du feu. Se poser ? On ne résiste pas… « qu’est ce qu’on est bien »… Tout le contraire d’une musique entêtante, de bruits de ventilation, de projecteurs laser, tout ce qui vous fait dire : j’ai froid, y’a rien de confortable, je remonte dans ma chambre.
Quelqu’un vient allumer le feu au bon moment, ce n’est pas à heure fixe, c’est une histoire qui s’inscrit dans la vie de tous les jours. Dans beaucoup d’endroits, on fait appel à des décorateurs, mais une fois le décorateur parti, plus personne ne s’occupe de raconter l’histoire! Je me sens comme une maîtresse de maison, je ne peux pas m’empêcher de redresser les abat jours, ramasser les serviettes et les magazines écornés, éponger les flaques…une main, un cœur, un peu de bienveillance, ça doit se ressentir, c’est une question d’attention. »
Notre dossier bien-être est à retrouver dans le Cosy Mountain #51 : https://cosy-design.com/produit/cosy-mountain-a-lunite/