La montagne à Val d’Isère est une religion qui se pratique skis aux pieds, mais plus seulement. Après avoir figuré parmi les stations de ski les plus renommées dans le monde et après la crise sanitaire, Val d’Isère amorce un nouveau virage.
Texte de Patricia PARQUET
Nous nous sommes réinventés une nouvelle vie à Val d’Isère, après avoir quitté la Thaïlande. Nous devions rester quelques jours en vacances, mais nous nous sommes installés ». L’histoire de Tristan Velter, expatrié vivant en Thaïlande, n’est pas banale. Avec son épouse et leurs deux enfants en bas âge, ils passent trois semaines de vacances à Val d’Isère, en août 2020, dans l’appartement familial. En pleine crise sanitaire, les frontières se referment et ils ne regagnent pas le pays. Installés de manière provisoire, ils n’ont aujourd’hui plus l’intention de repartir de Val d’Isère. Ingénieur de formation, professeur d’anglais en Thaïlande, il occupe un poste de gestionnaire de copropriété dans une agence immobilière. Sa femme, comptable, travaille à distance. « On s’est dit que trouver du travail serait plus facile ici qu’ailleurs. Personne ne reste sur le carreau à condition d’avoir envie de travailler. Les enfants ont la chance de vivre dans un village de montagne et de bénéficier de nombreuses activités. Avec l’école, notre aîné a découvert les sorties raquettes, les joies du ski, les visites à la ferme et il ne veut plus repartir. Nous sommes heureux à Val d’Isère », nous confie le père de famille, tout sourire.
Sur la route des Grandes alpes, Val d’isère est le dernier village de Haute Tarentaise. On vient de loin skier dès l’ouverture de la station et à l’occasion du Critérium de
la première neige. On skie fort, les pentes sont plus raides qu’ailleurs. La mythique face de Bellevarde, une piste noire, vous fait trembler les jambes rien qu’en la regardant depuis le front de neige.
Préserver l’esprit village
Pendant ce temps, au centre du village, le clocher égrène les heures. C’est tout un symbole car il nous rappelle qu’avant d’être un lieu de villégiature international, une station de ski élégante et sportive, Val d’Isère est un authentique petit village de haute montagne où vivent toute l’année 1 604 habitants, perchés à 1 850 mètres. « C’est une réalité géographique. La seule station en Tarentaise où le village est mêlé à la station, c’est Val. Ailleurs, le village est en dessous, à côté ou plus bas dans la vallée. C’est une vraie valeur ajoutée. Le village a créé la station, attention que la station ne détruise pas le village », explique Patrick Martin, maire de Val d’Isère, inquiet face à la ambée des prix de l’immobilier.
En 2020, la commune accueillait une trentaine d’habitants supplémentaires, ce qui est rare dans les stations à proximité. Les gens veulent vivre ici, mais trouver un logement reste compliqué. La réputation internationale de cette station, son cadre, son architecture, son art de vivre… continuent d’attirer des investisseurs fortunés du monde entier et les prix s’enflamment au grand dam du maire qui veut pouvoir garder les jeunes générations d’Avalins. L’hiver dernier, deux chalets, des biens d’exception, ont été vendus à plus de 30 000 euros/m2. La moyenne avoisine habituellement les 10 à 12 000 euros/m2. Le marché est très actif et la rareté conditionne le prix. Si le marché immobilier s’emballe, les esprits locaux gardent la tête froide pour imaginer des solutions.
Des générations d’hôteliers
Ils sont commerçants, hôteliers, restaurateurs, artisans, boulangers/pâtissiers, agriculteurs, employés de collectivités, moniteurs de ski, guides…. L’âme du village, c’est eux les Avalins et les Avalines qui s’apprêtent chaque hiver à devenir une station de 20 à 25 000 personnes. Et quand ils doivent faire face aux conséquences de la crise sanitaire comme l’hiver dernier, ils se serrent les coudes. Les hôteliers locaux, souvent hôteliers depuis plusieurs générations, sont solidaires et restent ouverts pour montrer à leurs fidèles clients qu’ils sont là pour les accueillir coûte que coûte. Les vacanciers ayant réservé à l’hôtel Les Cinq Frères 3* se sont retrouvés surclassés à l’hôtel Tsanteleina 4* appartenant à la famille Mattis.
« C’était notre façon de faire plaisir à la clientèle ayant fait l’effort de venir, malgré la fermeture des remontées mécaniques. Nous avons appris à semer avant de récolter », confie Gérard Mattis, 74 ans, figure emblématique de la station.
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